Technologie 101 avec notre capitaine Dominique
Certains considèrent la voile comme un moyen de transport archaïque car il remonte presque à la nuit des temps. Il est vrai que les manœuvres et les termes pour les décrire nous viennent d’une autre époque, mais un bateau moderne contient énormément de technologie à la fine pointe de l’avancement de la science.
En premier lieu, un des grands bénéficiaires de ces avancements, c’est nous l’équipage. Nos vêtements modernes en Goretex, polar, polypropylène nous permettent de rester au chaud et sec malgré les conditions que nous devons subir. Nous sommes exposés directement aux éléments : le vent, la pluie, les embruns salés, les vagues parfois.
Le bateau est lui-même construit avec des techniques de moulage qui le rend à la fois solide, flexible et léger. On entend facilement le défilement de l’eau sur la coque. Les dernières fibres synthétiques aux noms ésotériques Kevlar, Spectra, Dyneema sont utilisées dans la composition des voiles et des cordages. Des alliages d’acier inoxydable, d’aluminium parfois de carbone sont utilisés pour toutes les structures rigides. Le mât d’aluminium de 45 pieds, que l’on cintre comme un arc avec les pataras (câbles d’acier reliant la tête du mât au tableau arrière), supporte tout un assemblage de cordages, poulies, fils électriques, taquets et coulisseaux, antennes et autres instruments. Son feu en tête est un assemblage de diodes lumineuses très brillantes et moins énergivore qu’une lumière incandescente.
L’électronique joue une place déterminante dans les systèmes de télécommunication et de navigation.
Pour la télécommunication, en plus de la traditionnelle radio AM FM utile pour la détente seulement très près de la côte, nous avons des systèmes de communications différents selon la distance à parcourir. Deux radios VHF, l’une fixe l’autre portative, permettent de communiquer avec d’autres lorsque la distance est inférieur à 15 miles nautique (un mile nautique c’est 1850 mètres). Nous avons aussi un téléphone satellite Iridium qui assure une communication avec quiconque de n’importe où dans le monde. Le téléphone agit aussi comme modem donnée pour recevoir en mer les bulletins météo les plus récents. Et que dire du EPIRB (on prononce "ipeurb"), qui veut dire "Emergency Position Indicating Radio Beacon", ou plus simplement balise de détresse. Une fois activée, elle émet continuellement un signal d'alerte vers un satellite du COMPAS-SARSAT, une organisation internationnale qui coordonne les sauvetages en mer. Comme l'assurance, c'est le genre de chose que l'on est content d'avoir mais que l'on ne tient absolument pas à essayer!
La poste de pilotage et la console
Pour la navigation, en plus du traditionnel et fidèle compas, nous avons un anémomètre qui mesure la direction et la force du vent, un profondimètre à ultrasons qui mesure la distance sous la coque jusqu’au fond, un loch qui mesure la vitesse du bateau sur l’eau, une sonde de température de l’eau (il faut savoir quand se baigner ou quand nous rentrons dans le Gulf Stream). On ne peut naviguer sans connaître précisément sa position. Nous avons donc 5 GPS à bord. Un GPS utilise un réseau de satellites géostationnaires (position fixe dans le ciel) pour établir précisément sa position à la surface du globe. Un se trouve avec le système de cartographie dans la console devant la roue, deux avec le système de navigation sur PC à la table du navigateur, un autre fixe à table de navigation et un dernier portatif. Le GPS permet aussi de connaître notre vitesse sur le fond (on ne dit pas la terre!) car elle peut être très différente de notre vitesse sur l’eau mesurée par le loch. En effet on peut avancer sur l’eau à une vitesse de 7 nœuds (encore un vestige d’une autre époque) et simplement à 5 nœuds sur le fond à cause d’un courant de 2 nœuds de face. C’est important puisque c’est la vitesse sur le fond qui nous déplace réellement d’un point à l’autre.
Un autre ajout du capitaine c’est le système d’identification des cargos connu sous le nom AIS. Les cargos, les grands bateaux de croisière, les remorqueurs mais pas les pêcheurs doivent obligatoirement avoir à bord un transpondeur qui émet systématiquement la position, la vitesse, la direction du bateau. On y retrouve même la destination et le nom du bateau mais pas le nom du capitaine. C’est un système anticollision très pratique. Nous pouvons suivre la progression des cargos avant même le les voir arriver sous l’horizon et déterminer s’ils ont une course dangereuse (pour nous!).